«…Quel étrange sentiment. Les yeux clos. Un vertige.
Je suis soutenu.
Des mains glissent lentement sur moi comme si j’étais un être sensible. Les boutons de ma chemise sont défait un à un, on remonte mon tee-shirt. Je sens le frottement sur mes tétons. Mon torse apparaît.
On me soulève avec précaution et on me retient pour m’allonger.
Une main s’appuie sur la boucle de ma ceinture et cherche à l’entrouvrir. Une pression sur mon ventre et la boucle se détache. Je respire enfin.
Des doigts s’attardent sur chacun des boutons de mon jean. Celui-ci glisse hors de moi.
J’imagine un regard sur mon entrejambe à peine protégé par un morceau de tissu en lambeau.
Une respiration, un souffle.
Une forte excitation s’empare de moi. Etre mis à nu, à chaque instant. Une main frôle mon bas-ventre. Il me brûle. Des doigts me palpe avec précaution, presque avec tendresse.
Je respire dans la douleur et mon ventre se lève et s’abaisse. Ce ventre source de gestation, de mon appétit, de mon courage et centre de mon corps.
Toute cette sollicitude me rempli d’un singulier sentiment de délivrance. Je sens les larmes venir à travers mes paupières. Mes yeux osent s’entrouvrir et laisse écouler quelques gouttes. Le plus profond de mon être pleure.
La plaie est là, béante, vulnérable. Je me sens fragile.
Je suis bien.
Mes yeux s’ouvrent enfin face à une immense blessure…».

P. Pottier