INTERVIEW Gayfrance
L'éducation et la société ont intériorisé
les sentiments masculins. A quel garçon n'a t'on pas dit : "ne pleure pas,
montre que tu es un homme". Un "mâle" n'a t-il pas le droit d'afficher ses
sentiments sous peine d'être ridicule ? Sous cette charpente musculaire se
cache bien souvent la tendresse, la détresse, l'incertitude et malgré tout
un corps de chair et de sang : vulnérable, sensible. C'est en ces termes
que démarre l'introduction dans le monde de Patrick Pottier. Patrick
n'est pas un sculpteur comme les autres. Croquis, photos ou sculpture, l'art
de Patrick Pottier se concentre sur le mâle, sa virilité, sa puissance, sa
beauté mais aussi sur sa sensualité, sa fragilité et sa douceur. Ce qui le
touche, ce qu'il aime par dessus tout c'est le contraste violent entre la
force masculine et cette fragilité intérieure que chacun d'entre nous tente
de cacher au plus profond.
Gayfrance : Présentes toi pour les internautes
de Gayfrance, s'il te plaît.
Patrick : Je m'appelle Patrick, j'ai 41 ans, de nouveau célibataire, je vis
à Tours entouré de Châteaux et de bons vins.
GF : Depuis quand es tu sculpteur ?
Je suis sculpteur depuis 4 ans, un parcours franchement pas classique pour
en être arrivé là, mais toujours passionné.
GF : Tu pratiques autre chose ? Le dessin ? la peinture ?
Non pas vraiment, je me suis essayé à des croquis, mais on me les a volés
(sourire). La sculpture m'apporte vraiment ce qui me manque, le toucher...
il y a une réelle osmose avec la sculpture que je ne ressents pas avec le
dessin ou la peinture.
GF : Quels sont tes thèmes de prédilection ?
L'homme, sa sensualité, sa nudité virile et fragile. Il y a tellement
à dire sur le sujet. Cela reste encore un tabou et j'ai bien l'intention de
faire sauter le verrou.
GF : Pourquoi ces thèmes-là ?
Parce que c'est mon affinité... et une douleur que je traîne depuis 20 ans
que je dois évacuer, le reste de ma vie ne suffira sans doute pas.
GF : Sur et avec quelles matières travailles-tu ? L'argile avant tout,
bientôt un peu plus de métal ajouté, mes anges sont un début. Mais seule l'argile
me permets d'exprimer mes désirs. Il n'y a pas d'outil entre mes mains et
la terre, c'est très sensuel, presque orgasmique.
GF : Quel est le message que tu veux faire passer avec ton art ? Qu'aimes
tu susciter chez les gens qui voient tes oeuvres ?
Question intime ! C'est avant tout une thérapie. Au début, j'ai crée ce
que je ne pouvais pas vivre. Maintenant, je crée ce que j'ai vécu. Certaines
sculptures sont très personnelles, je donne les clefs pour y accéder, mais
pas trop facilement. De l'interrogation ! Je voudrais que la tendresse soit
le maître mot de notre société, que l'on s'aime vraiment avec un grand A.
GF : Quels sont tes projets pour 2005 ?
Un court métrage pour accompagner ma prochaine expo. Je ne me satisfais
plus de sculptures posées sur leurs socles, j'aime ajouter un élément vivant,
et surtout... j'attends l'homme de ma vie qui me fera peut être arrêter la
sculpture (sourire).
INTERVIEW Les Toiles Roses
http://www.lestoilesroses.net/article-2620398.html
Peux-tu nous présenter ton blog, sa genèse, son
contenu, ce qu’il t’apporte et ce que tu penses qu’il apporte à tes lecteurs(trices)
?
Mon blog est trop récent pour avoir des conclusions
à en tirer, mais j’espère que chaque visiteur y laissera sa petite phrase…
Tu écris le premier paragraphe d’un roman ou d’une
nouvelle dont le héros n’est autre que toi-même. Quel serait ce paragraphe
?
Cela tombe bien, j’écris justement un scénario pour un court métrage.
Voici l’histoire, Pierre et Rachel, tous deux âgés de trente-cinq ans environ,
forment un couple sans histoire. Lui est sculpteur depuis quatre ans, après
avoir démissionné de son poste d'informaticien. Elle est réceptionniste dans
un hôtel. Ils ont un fils, Damien, âgé de 9 ans. Pierre a aménagé un atelier
de sculpture dans le sous-sol de leur maison. Il sculpte des corps d'hommes
: virils, sensuels ; il donne vie à cet amour masculin qu'il a toujours rêvé,
mais auquel il n'a jamais cru. Rachel n'ignore pas qu'avant leur rencontre,
Pierre a eu un passé homosexuel mais que celui-ci avait fait un choix. Un
jour de septembre, il reçoit Julien qui vient poser pour une commande. Julien
ne cesse de le regarder, de l'observer... Il ne faut pas beaucoup de temps
à Pierre pour comprendre que ses désillusions passées vont le rattraper et
à quel point ce garçon va faire basculer sa vie... mais ne risque t'il pas
de le regretter ?
Si tu étais les premières images d’un film, quelles seraient-elles et pourquoi ? Aurélien Recoing dans L’emploi du temps de Laurent Cantet, ce long plan sur son visage où il s’effondre lentement, j’ai envie de le prendre dans mes bras.
Quel est ton roman préféré (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ? Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud parce que : « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient et un soir, j'ai assis la beauté sur mes genoux, je l'ai trouvée amère et je l'ai injuriée. »
Quel est ton film préféré (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ? 17 fois Cécile Cassard de Christophe Honoré, parce qu’il m’a fallu le voir plusieurs fois pour l’aimer de plus en plus, tout comme un amour qui grandit. Ce slow entre Béatrice Dalle et Romain Duris, puis ce garçon qui se lève, prend la main de Romain Duris et continue à danser sur la musique de Lily Margot, m’a totalement subjugué.
Quelle phrase tirée d’un livre ou film ou encore
d’une chanson semblerait te définir à la perfection ?
« Votre problème fondamental c’est le manque de maturité émotionnel, vous
voulez que la vie ressemble à un film de cinéma pleins de mouvements et de
plaisirs, c’est ainsi que fonctionne un cerveau d’enfant, les adultes eux
acceptent la régularité, les pensums, la frustration » (Pierre Bondu - Mieux
que personne).
Quelle photographie (perso ou non), image, tableau (etc.) pourrait te définir le mieux ou donner des pistes sur ta personnalité ?
Question piège : Penses-tu qu’il existe une culture
gay ?
Sans y avoir vraiment réfléchi, je pense
qu’il en existe une, mais le reconnaître c’est une fois de plus être à part,
il existerait une culture hétéro alors ?
Quel dialogue pourrais-tu imaginer entre ton moi
profond et ton moi blogueur ?
Je ne sais pas trop encore, mais je pourrais certainement me confier à lui.
Quel est le blog que tu voudrais réellement faire
connaître et pourquoi ?
Le mien évidemment, parce qu’il est encore vierge (sourire).
Quelle question ne voudrais-tu pas que l’on te
pose ?
Pose toujours la question.
Dernière question. Pour passer (ou non) à la postérité,
il faut préparer ses derniers mots ou dernières phrases à dire sur son lit
de mort : quel(le)s seraient-ils(elles) ?
Plus le malheur est grand, plus il est grand de vivre.