Sur les sentiers scabreux de la différence,
Nos destins se sont croisés,
Au hasard d'un obscur chemin de halage,
Capitale universelle de notre préférence.

En ce lieu sombre, étroit, presque sordide, se retrouvent tous ceux qui en sont,
Les âmes sont vides de sens mais les corps ont faim,
Chacun pensera ce qui l'arrange,
Pourvu qu'il trouve là sa raison d'être pour un instant ou une nuit,

De ces hommes là ne s'élèvent aucun echos,
Ne subsistent que leurs fantômes et leurs cahos,
Véritable marché des coeurs au visage humain,
S'entremêlent puis s'entrechoquent ici toutes les détresses et les faiblesses de l'interdit,

Un seul de tes regards me permettra de te comprendre,
Tu t'avances vers nous tel que tu es, sans éclat ni fracas, fragilisé,
Garçon blessé, trahi, brûlé, jeté aux fauves et aux chiens,
Tu traines ton existence par impulsion au grés des sursauts de ce monde infidèle qui parsème le décor accidenté de ta vie.

Ce soir tu souhaiteras t'abandonner aux actes primaires de la vie,
Je te donnerai le meilleur de moi même,
Je t'aimerai comme je l'aurais aimé même si tu n'es pas lui,
Seulement pour se prouver, à l'un comme à l'autre, que nous n'avons pas perdu la faculté d'aimer.

Dépourvus face à nos sentiments qui nous dépassent,
Pas à pas et malgré nous, transgressant les lois dites de la nature et de la morale,
Nous nous éloignons chaque jour un peu plus de la finalité de la vie,
Ne nous restera qu'à saisir au moment venu, l'ultime courage des vaincus.

QUEZAK

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DÉCLINAISONS NATURELLES
Patrick Berta Forgas
(16 février 2007)

Première

 

L'ange a mouillé de sang et de méprise
L'art de se taire …

- Ailes souillées des ventres -

Cheville au sol
Pour seul effet
D'un intérêt pour les hommes.

Boues fardées de cendres
Encore éclairées d'oubli.

Il reste au centre du crime
Comme le regret de refondre
Tous les paradis en un sucre d'enfer …

Seconde

 

L'affrontement rituel
Des corps saisis
Dans l'obligation d'un oblique combat.

Les armes sensuelles de la chair.

Épées éprouvées
Dans la peur de l'échange.
Chaleur bloquée des regards
Qui trichent et croisent le jour
D'une véritable volonté de guerre …

Il faudrait s'y attarder
Calmement.
Mais pas trop longtemps
: réveiller est un deuil.


Tierce

Les monstres de nos murs
Élèvent comme un cri
Qui appelle le temps
Dans un piège de nuit …

Les corps sont beaux
Et les dos robustes
Comme enfermés et muets.

Les yeux masqués
Et le front mort.

Bouches ouvertes
Et sexes endormis
Au partage intemporel
Du désir.

Et l'outrage fait
De nos gestes aux dos…

Le magique aspect des couleurs
Pour pleurer davantage
La ride fière
Et la pulpe du néant !

Soulageons en demeure
Ce qui bâtit l'élan des cœurs.
: ce souffrant désir d'être.

Ce lieu si curieux
Qu'il existe incertain
Et précieux …

La quatrième

Aux assises basculées
Des justices de grève.
Le grain et les peaux
Sans sueur, blessés !

Le reste est un creux
Où s'abîme l'article du droit,
Celui-la même d'un amour aveugle …

La fente est d'un lieu de caverne,
De combles lueurs matinales
Dans l'ample désert
De nos signes d'imaginaire.

Dernière

Le remous des désirs
Pour encore prendre aux ventres
Leur vertu de silence …

Sangler la verve et la chaleur.

Se nourrir encore du gland
Que les chaînes libèrent
Au pagne de l'esclave
Qui meurt.

 

Fin de saison.